Sculptures-fiction (1988-1989)

Dans les Sculptures-fiction le paysage est l’expression d’un langage. Le naturel se révèle être un attribut culturel. François MÉCHAIN montre ce langage au point de mettre en cause le medium photographique lui-même. Le sculpteur est omniprésent : il intervient directement sur l’espace et la matière de la nature, il les modèle à son gré. Le photographe quant à lui recherche l’arrondi d’un horizon ou son inclinaison, et trouve l’angle de prise de vue et le cadrage qui permettront d’associer les éléments : la terre, le ciel et les végétaux manufacturés par un géomètre qui sait concilier, dans une même œuvre, la proposition d’un culte et simultanément sa dérision.
La médiation qui s’opère entre le réel et sa représentation menace la photographie. François MÉCHAIN transgresse le principe fondateur de la photographie directe : sculpteur en un premier temps il construit une partie de son paysage. Puis il photographie sa sculpture dans la nature : celle-ci dès lors apparaît aussi construite et fabriquée par la photographie que l’est la sculpture. L’objet de sa prise de vue n’est plus alors la réflexion d’une nature et de sa lumière mais une réflexion sur la nature de la photographie. En construisant ainsi le paysage à deux reprises, en sculpteur et en photographe, François MÉCHAIN crée des échos de langage qui troublent notre regard. Prestigiditateur du paysage, il démonte les tours et rompt la fascination en nous rappelant que la photographie construit son sujet. Pour qu’apparaissent enfin, en rupture de nos habitudes esthétiques, au fil de l’ironie, la mise en scène de nos aveuglements.

 A partir de la Scuplture-fiction N°8 François MÉCHAIN produira aussi des dess(e)ins préparatoires aux mêmes dimensions que les agrandissements photographiques pour permettre une meilleure confrontation des deux systèmes de représentation. Ils seront parfois exposés côte à côte ou face à face.

Frédéric LAMBERT, 1989

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