Questions lÕartiste
Entretien entre Franois MCHAIN et Colette GARRAUD
Extrait de : François Méchain / Regard d'artiste - Perspectives
"Chemins du patrimoine en Finistère",
Bernard Chauveau éditeur, Paris 2014.
Colette GARRAUD : Tu as choisi, pour y installer ta sculpture, cette partie du domaine de Trvarez que lÕon appelle le jardin rgulier , soit le parterre la franaise qui se situe entre le vertugadin dont le spare un arc de camlias, et lÕesplanade de la cour dÕhonneur, devant la faade sud du chteau. Autrefois pratiquement disparu sous la friche, ce jardin a fait, il y a des annes, lÕobjet dÕune restauration. Pourrais-tu dcrire ton intervention, ainsi que le parcours que tu proposes au visiteur ?
Franois MCHAIN : Celui-ci dcouvrira dÕemble au-dessus du vertugadin, dans lÕaxe de symtrie du parterre, la grande volire de mtal dor, dont les dimensions accueillantes Š la cage fait trois mtres de haut Š et la porte ouverte seront autant dÕincitations pntrer dans la structure. La porte se refermera alors automatiquement derrire le visiteur avec un dclic. Il lui sera ais de lÕouvrir et de se librer, mais lÕinquitude se sera installe. Ė lÕorigine de cette ide, il y a le souvenir dÕune visite au Muse juif de Berlin, et de la haute tour noire de lÕHolocauste, dont la porte se referme pareillement, dans un contexte autrement plus tragique, en claquant derrire celui qui vient dÕentrer. En contrebas, les six compartiments du parterre seront chacun occups en leur centre par un dessin vgtal la manire des Ē broderies Č, dcor traditionnel du jardin la franaise, dÕun jaune clatant, d en partie lÕutilisation dÕun broyat color, en partie la floraison de plates-bandes de penses puis dÕĻillets. SÕil se promne dans les alles, le promeneur comprendra sans doute difficilement ce que reprsentent les broderies, car il sera de plain-pied avec les motifs dont chacun se dveloppe sur une surface dÕenviron dix mtres de ct, et aura quelques difficults identifier les symboles graphiques des principales monnaies. DÕautant que sÕil lui est ais de reconnatre la livre sterling, lÕeuro ou le dollar, le yen, le yuan ou la roupie lui seront certainement moins familiers. CÕest seulement depuis les fentres dÕune chambre du premier tage du chteau, o se poursuit lÕexposition, quÕil accdera la vision surplombante et claire des emblmes dominateurs de la finance mondiale, et verra peut-tre un autre visiteur du jardin des monnaies pig son tour dans la cage dore, mtaphore vidente des impasses conomiques dont notre socit est prisonnire.
C. G. : Selon le principe, que tu as toujours respect, qui veut que toute ralisation in situ soit induite avant tout par la forme et lÕhistoire du lieu quÕelle investit, lÕensemble, sur le plan formel, sÕintgre parfaitement dans le projet paysagiste et architectural originel. Le jardin en pente tait prcisment conu pour tre vu depuis les fentres du chteau. Tu parachves ironiquement la restauration des parterres en y rinsrant, sous une forme il est vrai assez peu orthodoxe, les classiques broderies.
La cage, qui par ailleurs rappelle les nombreuses volires souvent disparues des jardins nobles, est surmonte dÕun motif ajour emprunt aux dentelles de pierre qui ornent les faades du chteau. On pourra voir l, dans la dmarche mme, une sorte de mise en abyme, dans la mesure o le btiment tout entier, dans lÕesprit du pastiche architectural alors en vogue, tait dj le produit dÕun collage de styles partir de multiples emprunts.
F. M. : Je prvois aussi dÕaccrocher, sur le mur du fond, un grand triptyque photographique, sans doute une vue du parterre travers les barreaux de la cage, et dispos exactement en miroir avec la vue du balcon.
C. G. : On reviendra, bien entendu, sur la critique sociale et politique, devenue, avec le temps, centrale dans ton travail. Ce que je retiens pour lÕinstant cÕest que tu dclines l, une fois encore, mais dans un dispositif nouveau, le couple sculpture in situ et photographie, que lÕon retrouve toutes les tapes de ce travail, indpendamment de lÕvolution du propos. JÕaimerais que lÕon voque, travers quelques exemples, parfois anciens, les diffrentes formes quÕa pu prendre cette double approche des sites que tu investis.
F. M. : Au dpart, jÕtais photographe (avec un got prononc pour la peinture), et je nÕai jamais reni cette origine. Dj, dans mes premires photographies, le paysage, ventuellement fictif, prenait une place importanteÉ
C. G. : On pense en particulier la srie des quivalences (1982), dont lÕintitul tait un hommage aux ciels dÕAlfred STIEGLITZ, par exemple cette squence verticale de six images dont la premire montre une montagne enneige qui se rvle, avec le recul Š au sens strict Š, tre un papier froiss sur une table, elle-mme situe devant une montagne enneige.
F. M. : Le doute est central dans mon travail. Je suis, en cela, un enfant de Montaigne. Ce qui mÕintresse, cÕest lÕespace entre une chose et sa reprsentation, le "gap", lÕentre-deux, et les incertitudes, le questionnement que cet cart instaure. On retrouve cela dans lÕarticulation entre la sculpture in situ et sa photographie, qui nÕest nullement documentaire, mais bien un objet photographique autonome.
C. G. : Sans doute, mais travailler in situ, parfois dans des paysages difficiles, lÕaridit dÕune garrigue en Grce ou la solitude des grandes forts canadiennes, cÕest tout de mme une exprience assez loigne du travail du photographe en studio.
F. M. : Je pense quÕil y a eu un moment o tre photographe ne mÕa plus suffi, o jÕai prouv le besoin de mettre, comme on dit, Ē les mains dans le cambouis Č. Travailler dehors, cÕest tre au cĻur du paysage et se confronter ce qui rsiste, au matriau trouver, matriser, au temps qui passe et au temps quÕil fait. CÕest une exploration, une redcouverte du rel travers ses propres possibilits physiques.
C. G. : Un Exercice des choses, comme tu as souhait titrer une monographie consacre ton travail (1) ?
F. M. : Oui, car cÕest aussi construire dans le paysage des formes qui parlent du paysage et qui, avant mme lÕintervention de la photographie, instaurent un premier cart avec le rel.
C. G. : La sculpture in situ est elle-mme une sorte de commentaire sur le lieu dans lequel lÕhistoire humaine joue un rle essentiel Š car on peut dire, je crois, que le mythe dÕune nature vierge est totalement absent de ton travail. Pour une Ļuvre comme Kaissariani II (1993), par exemple, tu as ralis sur les pentes du mont Hymette une colonne de plantes de garrigue sur une armature de grillage de dix mtres de long, couche, telle une norme ruine, parmi les cyprs, tandis que, sur lÕhorizon, se dtache la blancheur du Parthnon.
F. M. : Lequel ressort en fait sur la photographie grce une retouche, sans quoi il serait gomm par une brume paisse due pour lÕessentiel la pollutionÉ
C. G. : Dans ce cas, comme dans beaucoup de tes travaux, la sculpture sur le site nÕtait pas visible par le spectateur, qui nÕavait accs quÕ la seule photographie. Il en tait de mme pour La Rivire noire (1990), mes yeux lÕune des Ļuvres les plus significative de cette priode.
F. M. : La Rivire noire, cÕest le nom du lieu-dit, dans le parc forestier des Laurentides. JÕai construit une sculpture de branchages phmre, dont la forme faisait cho celle des montagnes au loin, sculpture perdue dans la fort et que personne, sans doute, nÕa vu. Elle est entirement pense pour la photographie puisque seul un unique point de vue permet lÕhomothtie parfaite de la crte du tas avec celle de la montagne. JÕai souhait, cependant, rappeler sur lÕimage cet affrontement avec le matriau et le site, que jÕvoquais plus haut, sous forme dÕune inscription crypte un peu la faon dÕun code barres et qui se dchiffre ainsi : ma taille et mon envergure (100), longueur et section maximale des troncs de bouleau transports (BO 100 35) longueur et section maximales des troncs dÕpine-vinette transports (EPI 350 10), dure de lÕaction (8h) date (1990). Ainsi sÕinscrit, dans lÕpigramme et sur lÕimage, la mesure de lÕhomme dans sa relation au paysage.
C. G. : LÕcart entre le rel et son image sÕen trouve en fait soulign plutt que rduit, mme si le spectateur dispose de la cl de lecture, ce qui nÕest gnralement pas le cas. Le nom du lieu galement inscrit sur la photo, de lÕautre ct du diptyque, est videmment plus parlant.
F. M. : Pour moi, lÕappellation dÕun lieu est une forme condense de sa mmoire ; travers elle, je rappelle tout un pass de la relation que lÕhomme entretient avec ce lieu. Dans un monde de plus en plus priv de repres, je pense quÕil ne peut construire son prsent et son avenir que sÕil a une bonne connaissance de ce qui le prcde.
C. G. : Ici sans doute ce nom rappelle-t-il lÕeffroi devant lÕimmensit dÕune nature sauvage, ce qui est souvent le cas dans la toponymie canadienne.
F. M. : Il y a l aussi quelque chose de li mon enfance de fils dÕagriculteur. Je regardais sur le cadastre de mon pre les noms de lieux tels que Ē coute sÕil pleut Č ou Ē Dne loup ČÉ Et puisque nous parlons de La Rivire noire, je voudrais ajouter quelque chose : jÕavais alors obtenu une bourse pour vivre sur place avec les forestiers, et jÕavais t frapp par la dforestation et par tous ces bois coups, tels que ceux que jÕai utiliss pour la sculpture, qui ne servaient rien, car il aurait t trop coteux de les transporter, et qui pourrissaient sur place. CÕest ce moment, je pense, que jÕai commenc mÕinterroger sur certains dsastres cologiques. DÕautant que le responsable de la foresterie lÕuniversit Laval du Qubec avait song un moment mÕemprunter le diptyque pour une campagne nationale dÕaffichage contre la destruction des forts (cela ne sÕest finalement pas fait).
C. G. : Je me souviens que tu avais fait projeter lors dÕun colloque Pau, lÕoccasion de lÕexposition Īuvres dÕarbres (2) , le film de Richard DESJARDINS, LÕErreur borale, qui donne une image assez terrifiante de la destruction des forts canadiennes. Cela dit, si cette question tait sous-jacente, si mme elle a prsid la gense de lÕĻuvre, elle nÕest pas vraiment prsente dans la vision quÕon a de La Rivire noire, la diffrence de nombre de travaux clairement engags que tu raliseras plus tard, tel celui de Trvarez. Pour moi, cela reste encore un travail qui parle avant tout de lÕexprience physique du paysage dÕune part, et du mdium photographique dÕautre part. Et pour reprendre le fil rouge de notre discussion sur les diffrentes modalits de lÕarticulation entre lÕintervention in situ et la photographie, je voudrais citer un autre exemple, celui de Double ngatif (1995) o lÕon retrouve ces deux aspects, mais o cette fois la sculpture phmre demeure visible, sur la pelouse du chteau de Bailleul, pendant une longue saison.
F. M. : Le titre faisait allusion avec humour une Ļuvre majeure du land art amricain Double negative de Michael HEIZER. CÕtait deux rubans de pelouse qui semblaient se soulever du sol pour venir sÕaccrocher la branche basse dÕun platane (en fait monts sur du grillage pour tre consolids, ils furent ensemencs et arross tout lÕt). Le diptyque photographique montrait la pice de deux points de vue diffrents, dÕun ct en positif, de lÕautre en ngatif, le ngatif sur papier demandant une opration de tirage supplmentaire.
C. G. : Il y a l toute une rflexion sur le mdium photographique lui-mme et sur la faon dont la photographie inflchit profondment la vision du rel.
F. M. : Il faut rappeler quÕalors, je travaillais exclusivement en noir et blanc, car je tirais moi-mme de trs grandes photos, ce qui tait un travail complexe, lui aussi trs physique. Je me disais volontiers Ē sculpteur en chambre noire Č.
C. G. : Tu tais, me semble-t-il, comme beaucoup, dans la clbration renouvele de ce moment proprement miraculeux de lÕapparition de lÕimage, ainsi que dans une relation forte aux origines de la photographie, conue comme empreinte distance, pencil of nature (3) ,Ē crayon de la nature Č, comme lÕappelait Henry FOX TALBOT, qui signifiait par l quÕavec la photographie, la nature mme travaillait sa propre reprsentation. Tu citais galement volontiers Ansel ADAMS, pour qui le ngatif est une partition et le tirage une interprtation. Ė partir des ngatifs, qui taient pour toi des Ē promesses Č, tu travaillais les valeurs et les contrastes comme ceux dÕune sculpture photographique.
F. M. : Il est probable, dÕailleurs, que le passage tardif la couleur, et surtout la photographie numrique, en ce quÕil mÕa loign de cette mergence de lÕimage lors du tirage, a favoris lÕvolution de mon travail vers un propos socialement plus engagÉ Quoi quÕil en soit, le diptyque de Double ngatif, montr, par exemple, la galerie Michle Chomette, ne fut jamais visible au mme moment ni au mme lieu que la sculpture du parc de Bailleul.
C. G. : Ė lÕoppos, donc, de ce dispositif en miroir expriment Trvarez.
F. M. : En effet. Mais il y a eu bien dÕautres dispositifs. Par exemple, pour Entre digue et murs, ou comment lÕhistoire balbutie (2010), la grande palissade que jÕai rige La Rochelle et sa photographie taient toutes deux visibles dans la ville durant la mme priode, mais dans des lieux distincts. L encore, comme toujours ou presque, cÕest lÕhistoire du site qui a engendr lÕĻuvre. Plus prcisment la mmoire du terrible sige de La Rochelle, et de la digue que RICHELIEU avait fait construire en 1627 pour isoler la cit. JÕavais dress dans le parc dÕOrbigny un mur en bois de douze mtres de long qui bouchait la vue sur la mer. Au centre, un Ļilleton inspir des judas de prison permettait de voir au loin la boue qui indique encore aujourdÕhui lÕemplacement de la digue disparue et dont quelques pierres, rares vestiges, sont tout proches.
C. G. : Rattache un vnement du pass, cette Ļuvre nÕen parlait pas moins du monde gopolitique dÕaujourdÕhui. Elle fait partie dÕune srie de pices centres sur la question de la frontire, et fait cho aux nombreux murs que les conflits, la peur et la haine ont rigs de par le monde.
F. M. : Par une heureuse concidence, un groupe de militants de la cause palestinienne ont utilis ce mur comme support dÕaffiches. La photographie, quant elle, large de prs de cinq mtres, tait montre non loin dans le cadre une exposition rtrospective de mon travail, mais les deux Ļuvres, comme je lÕai dit, ne pouvaient tre vues ensemble. On pourrait mme parler de "triangulation", puisque le tableau peint par Henri-Paul MOTTE au XIXe sicle reprsente RICHELIEU au sige de La RochelleÉ
C. G. : ÉquÕon trouvait autrefois dans tous les livres dÕhistoireÉ
F. M. : Éce tableau est toujours visible au muse dÕOrbigny.
C. G. : Comme on lÕa dit dj de nombreuses reprises, cÕest le site qui dtermine la forme de lÕĻuvre. Tu as dclar par ailleurs tÕattacher volontiers aux sites de peu, comme on a pu dire les gens de peu. Je relve, cependant, dans la trs abondante production qui est la tienne, de nombreuses exceptions ce principe, entre autres bien sr cette intervention Trvarez. Comment, ton arrive, as-tu ressenti ce lieu, et comment a-t-il induit ton travail ?
F. M. : Ce chteau est une entreprise insense, qui donne une impression de collage, entre la vision passiste du nogothique et ses amnagements dÕune tonnante modernit. Pour moi, qui vit non loin de Rochefort, cela me fait penser la maison de Pierre LOTI, par son ct artificiel, fabriqu, mais aussi par lÕorgueil que donne le sentiment de disposer des moyens ncessaire pour raliser son rve. Et puis, ds que jÕai vu ces parterres la franaise, jÕai eu envie de les perturberÉ
C. G. : Tu avais cependant, comme cÕest souvent le cas, envisag dÕautres projets. En particulier, tu as pens un moment occuper plutt le vaste pr, presque une plaine, qui sÕtend de lÕautre ct, en contrebas du chteau, pour une occupation du paysage qui aurait t visible depuis lÕesplanade. Peux-tu en parler ?
F. M. : JÕavais t frapp par le fait que les frres de KERJGU, Louis et Franois (pre du btisseur du chteau), qui avaient acquis les vastes terres de Trvarez, taient des agronomes avertis, soucieux de dvelopper au profit de la rgion une agriculture moderne, par lÕintroduction de techniques encore inconnues dans ce pays. JÕai song mon pre, fru dÕagronomie, toujours soucieux dÕamlioration des machines, des techniques dÕassolement des terres, de tout ce qui permettait de produire davantage, et auquel, en raison essentiellement de ma vocation artistique, je nÕai pas voulu succder. Mais je suis rest, bien sr, particulirement sensible ces questions. Je pense quÕau regard de la misre paysanne du XIXe sicle, comme de la ncessit de nourrir le peuple aprs la Seconde Guerre mondiale, cette politique visant la surproduction avait du sens, mais quÕelle est aujourdÕhui dpasse et nocive. On connat les ravages de la culture et de lÕlevage intensifs, en particulier en Bretagne. Je nÕai, bien sr, de leons donner personne, et je sais combien les agriculteurs sont eux-mmes contraints par le cynisme du march, mais je voulais tmoigner de cet tat de choses. CÕest l lÕorigine du projet, que jÕai un moment caress, dÕenfouir en partie dans le sol du grand pr de vieilles machines agricoles dsaffectes, et de peindre en noir la partie mergeante (en une sorte dÕhommage Anne et Patrick POIRIER).
C. G. : Qui aurait ressembl, sur la prairie, de sombres cueils sur la mer, ou aux vestiges dÕun vaste naufrageÉ Mais il aurait fallu pouvoir disposer dÕune norme quantit de machines pour intervenir lÕchelle dÕun aussi grand paysage. Finalement, le projet retenu largit en quelque sorte le propos lÕensemble de la mondialisation conomique et financire. Et si la mtaphore que tu en donnes est formellement moins agressive que le projet initial, elle me semble plus insidieuse et dÕune efficace perversit. Utiliser les broderies la franaise, ces savantes et coteuses compositions vgtales par lesquelles lÕartifice triomphe de la nature, introduire dans le champ apparemment innocent du motif dcoratif la trivialit explicite de lÕargent, la manire dont autrefois des motifs subversifs, politiques ou rotiques, pouvaient se glisser dans les grotesques, piger le visiteur dans une volire dÕo il peut contempler autour de lui, travers les barreaux, le parc et le chteau, mais se trouve lui-mme, arroseur arros, sous le regard dÕautrui comme un vulgaire volatile, cÕest oprer autant de retournements lourds de sensÉ Ė propos de la cage, tu projettes dÕencadrer la photographie en couleur de la sculpture de Trvarez par deux photographies anciennes en noir et blanc, accroches sur les murs latraux : lÕune est consacre aux cabanes du parc de Bailleul (1994), lÕautre la Chambre dÕcoute (2003-2004) . Ces deux Ļuvres, qui pourraient sembler, premire vue, sans rapport avec la ralisation in situ, suggrent cependant un nouveau parcours transversal dans ton travail, sous un angle thmatique, cette fois, parcours que lÕon pourrait rsumer ainsi : de la cabane la cage, en passant par la remise, la chambre, la ruche, le templeÉ bref, tous ces lieux, ouverts ou clos, que tu as construits, que le spectateur pourra (ou non) pntrer, et dÕo o il pourra (ou non) contempler, comme depuis un observatoire, le spectacle qui lÕenvironne.
F. M. : Les premires cabanes que jÕai ralises Bailleul en 1994, dÕabord visibles dans le parc, par leur taille modeste sous les grands arbres, ne contrariaient en rien lÕesprit du siteÉ Elles nÕtaient pas sans voquer les jeux dÕenfance, mais mme pour un enfant elles auraient t impntrables parce que pleines, composes lÕune de gramines, lÕautre de branchages, et la troisime de bches de htre, tous matriaux emprunts au lieu. Dans la photographie, elles occupent le volet central dÕun triptyque, procd que jÕemprunte souvent la peinture religieuseÉ
C. G. : Au fait, pourquoi ?
F. M. : JÕai toujours t fascin par les retables dÕglise, sorte de bandes dessines du temps jadis. JÕaime aussi lÕtymologie du mot religion (religere : Ē relier Č). Il existe une pice o jÕai mme dcoll les volets latraux du murÉ Les cabanes, dans ce volet central, apparaissent resserres comme lÕesquisse dÕun village primitif, tandis que, gauche et droite, le regard glisse sur les jeux dÕombre et de lumire, vers le hors-champ de sous-bois indtermins.
C. G. : Ne pourrait-on dire que la cabane est le plus parfait symbole dÕune union originelle entre lÕhomme et la nature ? CÕest l sans doute une des raisons pour lesquelles il sÕagit dÕun motif rcurrent chez des artistes qui, comme toi, ont plac au cĻur de leur travail lÕide de nature, par exemple Giuliano MAURI (La Casa dellÕuomo, 1985). Ce thme traverse toute ton Ļuvre, et se trouve associ parfois celui de la nef, perue comme une cabane renverse. Rcemment encore, dans le parc de lÕabbaye de Jumiges, tu as propos une lecture potique de LÕInvention de la Normandie (2013) avec deux drakkars dÕosier, de plus de huit mtres chacun, dont lÕun tait retourn. LÕĻuvre rappelait le rcit, en partie seulement lgendaire, de la sdentarisation des Vikings, qui firent de la coque de leurs bateaux le toit de leurs maisons. Gilles TIBERGHIEN rappelle ce sujet que cabaner un navire, cÕest le retourner pour le mettre sur cales (4) .
F. M. : JÕai parfois aussi situ la cabane, et plus prcisment la cabane impntrable, comme celles de Bailleul, en milieu urbain. Invit intervenir Berlin, jÕai construit une remise, inspire de celles quÕon trouve au fond des jardins, dans la rue devant la Maison de France. LÕinscription chiffre 9.11 tait grave partout sur les parois de bois assez profondment pour les trouer. Cela en raison du caractre rcurrent dans lÕhistoire de lÕAllemagne du 9 novembre : cÕest le jour, entre autres, car je ne peux rappeler ici tous ces dates, de lÕabdication du Kaiser et de la proclamation de la Rpublique (1918), de la tentative de putsch dÕHitler (1923), de la fte annuelle nazie ( partir de 1933), de la Nuit de cristal (1938), de la tentative dÕassassinat dÕHitler (1939), et de la chute du mur de Berlin (1989)É Ce jeu sur la date me fournissait lÕoccasion dÕun de ces carottages dans lÕhistoire du monde comme jÕaime en faire. Le passant qui tentait de regarder dans la remise par les trous dans la paroi tait aussitt aveugl par un flashÉ
C. G. : Simple sanction ironique dÕun rflexe de voyeur, si on fait une lecture lgre et ludique de lÕinstallation, ce flash pouvait renvoyer la violence de lÕhistoire, lÕintermittence de la mmoire, la mconnaissance de lÕavenirÉ
F. M. : Il faut noter que la remise a t vandalise. Je ne sais si cette destruction tait en rapport avec la nature agressive du flash, mais ce nÕest pas impossible.
C. G. : Par ailleurs, la dimension des parois, dont la hauteur est peu prs celle dÕun homme, nous ramne cet intrt pour la mesure du corps et ce quÕelle implique dans le rapport lÕĻuvre. La remise de Berlin, on lÕa vu, nÕtait pas pntrable. Ė lÕinverse, avec La Chambre dÕcoute (2003-2004), place en vis--vis des cabanes de Bailleul, le spectateur est comme install au centre de lÕespace.
F. M. : LÕĻuvre in situ est en fait une salle de cours du lyce Pierre-Gilles GENNES, vide de son mobilier, transforme avec les lves et tapisse de feuillages. Le sous-titre que jÕaime lui donner, Feuilles de platane, bouleau blanc et odeurs fortesÉ, insiste sur la dimension olfactive, essentielle dans notre relation la nature et trop souvent occulte aujourdÕhui.
C. G. : On rappellera toutefois les chambres de cire de Wolfgang LAIB Š dont lÕextraordinaire Chambre des certitudes (2001) du Roc del Maur, en face du massif du Canigou, aux parois rocheuses tapisse dÕune cire odorante Š, ou encore les murs capitonns de feuilles de laurier par Giuseppe PENONE (Respirare lÕombra, 1999).
Le dispositif qui, dans le cas de la remise de Berlin, nous invitait regarder de lÕextrieur vers lÕintrieur de la construction, est exactement inverse de celui de la cabane que tu avais ralise, quelques annes auparavant, dans le square du Vert-Galant, sur lÕle de la Cit. Je souhaiterais que lÕon sÕattarde un peu sur cette Ļuvre, qui nÕest pas, mon sens, sans rapport avec la cage de Trvarez.
F. M. : Il sÕagissait, l encore, dÕune intervention deux volets : lÕinstallation, la pointe de lÕle, dÕune cabane de branches de coudrier tresses de manire lche en une structure transparente comme une dentelle, et sa photographie ultrieurement visible dans la vitrine, salle dÕexposition de la Maison europenne de la photographie, commanditaire de lÕĻuvre. Assis sur le banc, dans la cabane, sur le sol jonch dÕhumus (toujours la dimension olfactive), le visiteur pouvait contempler, sur lÕautre rive de la Seine, lÕun des sites urbains les plus visits au monde, laisser resurgir quelque souvenir dÕenfance ou peut-tre mditer sur la confrontation de la ville moderne, condens de lÕarchitecture des sicles passs, et de la cabane primitive. Je mÕtais alors intress, pour ma part, au site magdalnien de Pincevent, en ėle-de-France, fouill par Andr LEROI-GOURHAN, ainsi bien sr quÕaux origines de Lutce.
C. G. : La cabane du Vert-Galant, qui est donc un observatoire, sÕinscrit pour moi dans tout un corpus dÕĻuvres contemporaines, que jÕai eu lÕoccasion dÕappeler, si je peux me permettre de me citer, lieux pour le corps, machines voir . Il sÕagit dÕĻuvres, trs diverses dans leur aspect, mais qui toutes remplissent trois fonctions : sculptures visibles in situ, abris, observatoires. Ce peut tre des grottes, cabanes ou huttes, faussement primitives, telles les chambres vagues ou chambres nuages de Chris DURY, construites en pierre sche, rondins ou roseaux, blotties, voire demi enterres dans le paysage, quipes dÕune camera obscura qui restitue une image partielle, intermittente et fragile de la nature environnante. Ce peut tre, en pleine nature comme dans lÕenvironnement polic dÕun parc, un pavillon, dÕo lÕon regarde, et parfois dÕo lÕon se regarde regarder, travers une optique ou un savant jeu de miroirs : SARKIS au parc de Pourtals Strasbourg, Daniel BUREN la Fattoria di Celle en Toscane, PEREJAUME dans la villa dÕrasme Bruxelles, James TURRELL avec ses Skyspaces, Dan GRAHAM dans les parcs du muse Krller-Mller Otterlo ou dans les les LofotenÉ pour ne citer que quelques exemples. Mais aucun des artistes cits nÕajoute son travail un volet photographique.
F. M. : La photographie tait ici un polyptyque de 3,50 mtres, en fait un dvelopp gant qui renvoyait aux formes de carton dcouper, assembler et construire, destination des enfants. Et dont chacun des panneaux offrait, travers la grille de branchages, une vue de lÕle, de la Seine, des btiments nobles sur lÕautre rive.
C. G. : Ce nÕest pas pour rien que tu appelles encore ce dvelopp ou Le Balcon de lÕhistoire.
F. M. : CÕest encore une pice qui met lÕaccent sur les fondamentaux de la prise de vue, le point de vue, la mise au point, le cadrage. Quelques annes auparavant, jÕavais pris plusieurs photographies depuis une le au large de Toronto, travers une rsille de brindilles construite sur lÕeau (From Toronto to Toronto, 1996). Je faisais ainsi disparatre volont, en fonction de la mise au point, les btiments, siges et symboles de la puissance conomique de la ville, derrire un frle rideau vgtal.
C. G. : Parmi ces Ē lieux pour le corps, machines voir Č qui jalonnent ton travail, on pourrait encore citer Prcaires territoires (2012), Ļuvre ddie Ē tous les animaux sauvages du monde Č, qui se rient des frontires, dans laquelle deux cabanes identiques, spares de vingt kilomtres de part et dÕautre de la frontire franco-italienne et disposes en miroir, adoptent la forme dÕune ruche, inspire de celles observes au muse de lÕApiculture de Molines-en-Queyras. Seul le paysage, que le promeneur observe par lÕouverture des cabanes, change de lÕune lÕautre. Ou encore La valle del Tempio (2008), en Sicile, arienne construction en bois dÕeucalyptus voquant le clbre dme de Monreale ainsi quÕun temple antique tout proche. Tempio, qui signifie temple en italien, se trouve tre aussi le nom du fleuve qui passe dans la valle (toujours cet intrt pour le mot et la polysmie).
F. M. : La thmatique du temple est rcurrente dans mon travail : un projet auquel je rflchis en ce moment pour la ville dÕAubiet comporte un espace circulaire autour dÕun oculus, sur le modle du Panthon romain. La paroi externe en miroir reflterait le paysage, au demeurant trs peu pittoresque, tandis que la paroi interne serait tapisse dÕun panoramique compos des photos de famille confies par les habitants. Un temple de la vie profane, en quelque sorte.
C. G. : Ė Trvarez, quÕapportera cette mise en miroir de la sculpture et de son image ? NÕy a-t-il pas risque de redondance ?
F. M. : Je ne pense pas. Ce qui se jouera sera de lÕordre de lÕinterrogation, du doute, puis de la vrification. La photographie accentue et renouvelle la visibilit, elle sÕinscrit dans les strates de la perception. LÕcart, pour tre rduit, sera toujours l, ne serait-ce que du fait des variations de lumire, de climat, et de lÕvolution de la sculpture avec le temps. Bien sr, les choses ne resteront en place dans le parterre que pendant la dure de lÕexposition, mais mme sans cela, le jardin des monnaies serait phmre, et mourrait de lui-mme la disparition des fleurs.
C. G. : La pratique de ralisations phmres, on le sait, sÕest gnralise chez les artistes privilgiant lÕintervention dans le paysage, en partie parce quÕelle fait cho aux cycles naturels dans lesquels les Ļuvres viennent sÕinscrire, en partie aussi parce quÕelle prserve lÕintgrit des sites. CÕest une histoire dj fort longue. Richard LONG, Nils UDO, Andy GOLDSWORTHY, tant dÕautres, ont travaill volontairement avec des lments prissables, parfois avec la neige et la glace, soucieux de ne laisser aucune trace prenne dans le paysage. La photographie apparat alors comme le corollaire indispensable de ce caractre phmre. On connat la phrase dÕHamish FULTON : Ē La seule chose que lÕon puisse prendre du paysage est une photographie. La seule chose que lÕon puisse laisser est lÕempreinte de ses pas. Č Mais on sait aussi que le mme dclarait : Je ne suis pas un photographe (6) , signifiant par l sa volont de ne pas sÕattacher magnifier lÕimage photographique, et de ne pas non plus interroger les proprits du mdium. Ainsi instrumentalise, la photographie se conforme ce quÕen disait Roland BARTHES : Une photographie est toujours invisible, ce nÕest pas elle quÕon voit (7). Ton travail relve, videmment, dÕun parti pris tout diffrent. Cependant, le passage au numrique et la couleur nÕa-t-il pas chang la place quÕoccupait la photographie dans tes ralisations ? Celle-ci nÕest-elle pas devenue, en quelque sorte, seconde ?
F. M. : Je ne dirais pas cela, la relation entre sculpture et photographie a chang, mais le projet photographique peut toujours tre dterminant. Par exemple, lorsque jÕai ralis, au Domaine de Chaumont-sur-Loire, cette pice qui sÕappelle ÉDurbanÉ, du nom de la ville o sÕest tenu ce si dcevant Sommet de la Terre (les points de suspension suggrent une liste de lieux passs et venir pour ces sommets). Le travail consistait envelopper un arbre de bandages pltrs, mtaphore que jÕai souhaite, comme toujours simple et frappante. JÕai plac la sculpture, monumentale, dans lÕespace resserr de la Ē grange aux abeilles Č, de faon crer une impression dÕenfermement, mais surtout en vue de la photographie, en fonction du point de vue possible, du recul ncessaire et de lÕoptique.
C. G. : Le thme de lÕarbre aurait pu nous fournir un autre fil rouge pour parcourir ton travail. Auparavant, toujours Chaumont, tu avais montr LÕArbre aux couteaux (2009),tout hriss de lames.
F. M. : Dans le cas de lÕarbre, la vision que jÕai du sujet nÕest pas toujours aussi sombre. LÕArbre aux chelles (2009), toujours dans le mme lieu, en est une preuve . Ainsi que cette pice rcente que jÕai ralise dans le parc du chteau de La Celle-Saint-Cloud, site appartenant au ministre des Affaires trangres : en souvenir de la Pompadour qui y a vcu et des Hasards heureux de lÕescarpolette de FRAGONARD, jÕai accroch sur un grand tulipier de Virginie, le dernier vivant dans la rgion parisienne, douze variations sur le thme de la balanoire totalement dysfonctionnelles, que le sige se trouve enterr dans un trou, quÕil soit occup par une jardinire, quÕil prenne la forme dÕune planche cloute de fakir, de ces doubles fauteuils quÕon appelle "conversations" ou "confidents"É Il y a aussi la balanoire attache sur deux branches, les balanoires trop rapproches, la balanoire perptuelle quipe dÕun moteur sonore, qui scande le temps humainÉ
C. G. : Ė la diffrence de cette dernire Ļuvre potique et ludique, les sculptures que tu installes Trvarez appartiennent cette orientation de ton travail que lÕon pourrait qualifier de "militante"É
F. M. : Je nÕaime pas beaucoup ce mot-l, trop connotÉ Je ne mÕinscris pas proprement parler dans un propos politique, ou alors au sens antique du terme, celui de la gestion de la cit, en tant que citoyen du monde. Il me semble quÕun artiste se doit de proposer une vision de son poque, et le langage artistique est de toute manire le seul dont je dispose. Grce lui, je peux peut-tre dclencher quelque chose dans la pense dÕautruiÉ LÕĻuvre dÕun Jochen GERZ est mes yeux en cela exemplaire. Quant au changement, au fil des annes, de mes priorits, je citerais volontiers ce sujet la parole de BRAQUE, pour qui Š je cite de mmoire Š, on reconnat le travail dÕun artiste Ē la qualit de ses articulations Č.
C. G. : Pour illustrer la dimension engage quÕa pris ton travail, on pourrait multiplier les exemples : Fontenay-le-Comte en Vende, tu accroches des vtements dÕenfant donns par les habitants sur des fils linge qui sÕavrent tre des barbels, installation qui nÕest pas sans me faire songer au travail de Christian BOLTANSKIÉ
F. M. : Pour lequel jÕai une grande admiration. Mais il me semble que BOLTANSKI fait surtout un travail de mmoire, et nous parle du pass. Je souhaite pour ma part jouer un rle de lanceur dÕalerte (dÕinquiteur de certitudes, comme jÕai eu lÕoccasion de le dire), et ce dont je parle, cÕest du futur craindre pour les enfants encore petits dont on passe souvent les vtements ceux qui les suiventÉ
C. G. : Dans le mme lieu tu construis un mur ruin avec le mot dmocratie qui sÕeffondre, tu occupes une cave dsaffecte par le bruit assourdissant de caisses enregistreuses et de caddies. Parmi les projets non raliss, tu as pens inscrire en grandes lettres sÕinspirant de la signaltique dÕHollywood le mot Catastrophe sur lÕesplanade du Domaine de Chaumont qui domine la Loire, voire dans le parc de Versailles. Tu as galement projet une trange clbration de ce lieu mythique quÕest la Sainte-Victoire, par un assemblage de dchets collects sur la route dont le profil, la faon de la sculpture de La Rivire noire, dessine une rime plastique avec la crte de la montagneÉ On a voqu plus haut ÉDurbanÉ et lÕArbre aux couteaux,qui relvent de cette inquitude cologique, que tu as exprime si souvent. Est-ce encore la thmatique sous-jacente lÕautre pice que tu installes aujourdÕhui Trvarez, la grande sphre de mtal ?
F. M. : Il sÕagit dÕune sculpture place sur lÕesplanade du chteau, face lÕimmense espace que celle-ci domine. On la dcouvrira possiblement en sortant du jardin, sur le chemin du retour, et dÕune certaine faon, elle sÕarticule avec la signification de la cage et des broderies. JÕai fait raliser par le mtallier un globe de 3,50 mtres de diamtre, que le regard traverse (seuls sont indiqus les mridiens et les parallles), en acier bleu-noir, et qui sera ensuite dform au chalumeauÉ
C. G. : On pourra faire un rapprochement avec la sphre de pierre sculpte qui occupe le centre du jardin rgulier, et qui faisait partie dÕun cadran solaire endommag.
F. M. : Dans cette forme symbolique, pour ma part, jÕintroduis du rel, avec le matriau emprunt au site mme. Soit des branches de rhododendrons, qui sont, avec les camlias, une des richesses du parcÉ
C. G. : Ces rhododendrons dont lÕan dernier Bob VERSCHUEREN avait dj utilis les rameaux souples pour lÕĻuvre installe dans les curies de Trvarez.
F. M. : En dposant dans la sphre le matriau vgtal emprunt au domaine, jÕinscris en quelque sorte lÕhistoire du lieu dans lÕhistoire du monde. Un monde, il faut le dire, bien cabossÉ
Colette GARRAUD, Michel GURIN, Franois Mchain, lÕexercice des choses, Somogy, 2002.
Īuvres dÕarbres, Materia prima, muse des beaux-arts de Pau, 2001.
Henry FOX TALBOT, inventeur du calotype, publie The Pencil of Nature Londres, par cahiers, de 1844 1846. Il sÕagit du premier ouvrage illustr de photographies.
Gilles TIBERGHIEN, dans Jumiges Š Ė ciel ouvert, publication du dpartement de la Seine-Maritime, 2013, p. 35.
Colette GARRAUD, avec la collaboration de Mickey BOčL, LÕArtiste contemporain et la nature. Parcs et paysages europens,Hazan, 2007, Lieux pour le corps, machines voir, p. 86-107.
Hamish FULTON, entretien avec Michael AUPING, Common Ground, Ringling Museum of Art, Sarasota, Floride, 1982.
Roland BARTHES, La Chambre claire, Cahiers du cinma, Gallimard, Seuil, 1980, p. 18.
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