Lassalle River
(Winnipeg, Manitoba, Canada, 1996)
Diptyque photographique argentique sur dibond : 400 x 120 cm
In situ, sculpture éphémère, 3 troncs de chêne, écorce et argile séchée : 550 x 550 x 35 cm
Située dans ce que l’on nomme les «Prairies», au sein des immenses plaines canadiennes, Winnipeg est la capitale de l’Etat du Manitoba. Pour l’Européen que je suis, soucieux de découverte de «beaux paysages», pas le moindre monticule, tout est plat, irrémédiablement plat. Peu d’images fortes donc. Juste ce sentiment d’être dans un lieu de «passage» où l’Ailleurs est toujours derrière l’horizon. Où l’on comprend ainsi mieux que le nomadisme, la traversée aient pu s’imposer à chacun comme modes de vie et de pensée.
Et puis ce héros emblématique que fut Louis RIEL, un blanc coureur des bois d’origine française qui dans les années 1860 osa braver la loi en épousant une indienne. Un révolutionnaire haut en couleur qui organisa la résistance, ira jusqu’à fonder son parti politique mais finira tout de même pendu par les autorités anglaises de l’époque.
Où il est donc question de métissage, qu’il concerne l’humain ou les matériaux de la sculpture présentée ici (billes de chêne partiellement recouvertes de leur écorce, morceaux de boue sèchée imitant l’écorce manquante). Une imbrication matiériste rendant difficile la localisation des divers éléments au sein de l’image. Une très grande image et ses deux «détails» censés, comme dans les livres de peinture, mieux informer et balayer les incertitudes du premier regard. Deux «détails» photographiques argentiques que l’extrême agrandissement et ses deux incontournables corollaires techniques, l’augmentation du grain et celle du contraste, viennent paradoxalement rendre encore plus confus.
Parabole du voyageur toujours en quête, métaphore de l’état du monde ? La vérité est fluctuante et ses territoires bien nomades.
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