La Vallée des Eaux Claires
et
Le Chant des Arbres

 (Puymoyen près Angoulême, France, 1994)
Photographie argentique noir & blanc sur dibond : 160 x 120 cm
Rouleau de papier artisanal du Moulin du Verger, charbon de bois : 300 x 50 cm

In situ, sculpture éphémère, bois de pin brûlé, pièces métalliques,
rouleaux de papier artisanal du Moulin du Verger : 450  x 250 x 550 cm

Tout nouveau travail est un jeu de construction dans lequel l’auteur se doit d’être à la fois observateur, renifleur de lieux et anoteur de la moindre information, du  moindre bruissement  pour que chaque maillon vienne plus tard  trouver sa juste place.

Invité en 1994 par le Musée des Beaux-arts d’Angoulême dans La Vallée des Eaux Claires pour participer pour la première fois à un projet associant scientifiques et artistes, je rencontrais JF.T., archéologue réputé. Visitant les lieux en sa compagnie il m’expliqua que le site avait été occupé il y a plusieurs millénaires par les premiers habitants de nos régions. L’endroit est en effet idéal. Sorte d’abri sous roche situé au pied d’un belvédère rocheux sa cavité dans la falaise offre une protection idéale contre les prédateurs. A ses pieds  la Rivière des Eaux Claires fournit le meilleur approvisionnement naturel. Evoquant les grottes ornées il m’expliqua aussi que les tracés rituels à l’intérieur pourraient avoir été faits (c’est une hypothèse) à l’aide de longues branches de pin appointées puis mises au feu.

A une époque beaucoup plus récente la qualité de l’eau de la rivière permit l’implantation d’un moulin à papier artisanal toujours en fonction dont la réputation n’est plus à faire.

L’idée était en place. Je fis ainsi fabriquer par le Moulin du Verger de grandes longueurs de papier ressemblant à des pellicules photographiques vierges que des varappeurs mirent en place le long des parois de la falaise. De longs stylets de bois à la pointe noircie furent solidarisés au tronc de trois chênes implantés là. L’outil scripteur était prêt à fonctionner, le temps et la météorologie feraient le reste.

Récupérés après deux mois d’été j’eus la surprise de découvrir sur les rouleaux des graphes totalement inconnus. La violence et la pluie des orages avaient imprégné la matière du papier, l’avaient colorée, voire déchirée par endroits. Une sorte de temps autrement photographié.

Ecriture du vent, écriture des lieux, écriture avec code dont on ne connait pas le code, le monde de la Nature a ses lois que l’Homme ne saurait toujours comprendre.