Ruthènes

Site de Layoule, Rodez, France, 2006.
Triptyque photographique noir & blanc sur dibond : 340 x 120 cm

In situ, sculpture éphémère, lauzes, pierres, ronce, foin, lierre, branchages, fumier : 15 x 15 x 1,5 m

Ruthènes, une œuvre inscrite dans le site de Layoule connu de tout Ruthénois: un lieu de rencontre de l’urbain et du rural à peine séparés par une aire de loisirs. Confrontation d’une nature apprêtée et d’une nature travaillée, confrontation des modes de vie citadin et paysan, des temps de travail – semaine des 35 heures ou des 70 heures d’un éleveur ?

Emblème d’une civilisation des loisirs, du regard rapide, de la consommation aiguë de toutes choses : espace,  biens matériels, temps, art.

Car c’est aussi d’espaces et de temps - parfois contradictoires - dont il est question ici : de celui du promeneur qui s’arrête un bref instant dans un lieu conçu pour lui, celui de la détente. Mais aussi d’un lieu qui nous donne à voir précisément le contraire : d’amoncellements tout en tension(s),  porteurs d’une sédimentation visuelle et temporelle des choses du passé sur ces rudes terres d’Aveyron. Mémoire réactivée des gestes qui ont façonné ici  le paysage: celui des essarteurs, des défricheurs, des éleveurs, des forestiers. Un âpre combat  contre une Nature jamais définitivement domptée dont certains connaissent toujours les règles.

Des matériaux bruts : terre rouge, pierres, ronces, foin, ronces, lierre, branchages, fumier… Tout ce qui a pu être charrié, déplacé, soulevé, brassé, dégagé, ratissé, entassé. Le tout-venant d’un pays, thésaurisé le temps d’une sculpture / installation, le temps aussi d’une photographie qui interroge l’espace, trace précieuse de la pensée dégagée de ce lieu et inscrite dans une forme : celle de l’œuvre qui cristallise énergie, matière et lumière le temps d’un déclenchement.

Et puis le passant  pris à parti par la présence muette de volumes et de masses de matériaux, chassé de son banc par l’accumulation ici désignée  de tout ce qui a fait un pays - de ses racines ? - à présent soumise à un autre temps : celui du regard sur les fondements mêmes d’un paysage.

F.M, septembre 2006

Dans le lieu d’exposition un dispositif néon fait des chiffres 35 et 70 s’allumant et s’éteignant alternativement au rythme d’un battement de cœur faisait face à un grand dessin préparatoire et un triptyque photo noir et blanc grand format.