Au balcon de l’Histoire

Square du Vert-Galant, à l’extrémité de l’Ile de la Cité, Paris 2000.
A l’intérieur de la Maison Européenne de la Photographie 
Développé
, polyptyque photographique noir & blanc sur dibond,
sculpture de senteurs et formes archétypales de monuments de Paris au mur.

Au square du Vert-Galant, maison faite de branches de noisetier, banc et feuilles pourrissant

Dans un premier temps je construis dans le jardin du Vert-Galant, à la proue de l’île de la Cité, une cabane faite de branches de coudrier. Le promeneur peut y pénétrer, s’y asseoir et y méditer. Implanté à l’exact centre d’un cercle qui circonscrirait Paris intra-muros, cet observatoire archaïque invite le spectateur à remonter le cours de l’histoire de la ville, à revivre des temps où ce lieu n’était pas encore Lutèce, où l’Homme de Pincevent d’André LEROI-GOURHAN, à quelques dizaines de kilomètres de là, luttait encore pour sa survie.

Au sol un tapis de feuilles en décomposition marque l’endroit d’une forte présence olfactive. Comment vivions-nous quand nous n’étions pas encore soumis à la dictature du visuel ?

Dans un second temps une série d’images noir et blanc grand format, prise de l’intérieur de la cabane, collées bord à bord et formant  développé nous rappellera les maisons à plier soi-même de notre enfance.

Au centre du lieu d’exposition enfin, une sculpture impénétrable cette fois-ci, reprendra les proportions de celle du Vert-Galant : faite de tiges d’acier surmontées d’une masse végétale odorante, elle nous précisera que, si tout volume de bonnes dimensions peut un temps faire office de refuge pour l’Homme, habiter suppose en bien des endroits du monde l’idée de toit. Au mur un alignement épuré des principaux styles d’architecture de la capitale complétera le dispositif.

Dehors - dedans, dess(e)ins, sculpture et photographie, photographies de ou pour la sculpture, j’effectue un va-et-vient sans fin où chaque système est mis en miroir. Décortiqué, le lieu est analysé dans toute la complexité de son histoire au même titre que le langage qui est censé en parler.

 F.M.